La pédagogie Montessori

par | 09.04.2020 | Montessori, c'est quoi?

A
Vous êtes parent, enseignant? Vous vous demandez ce que « Montessori » veut bien dire? Voici mes réponses dans cet article! Quand on me demande, comme ça, ce qu’est la méthode Montessori, je suis toujours empruntée car on ne peut pas la résumer à deux ou trois mots. Voilà pourquoi cet article comporte plusieurs points, et qui, peut-être ne sont pas exhaustifs, mais, je l’espère, renferme les points essentiels de base de cette grande #pédagogie. Bonne lecture!

1. Maria Montessori Maria

Montessori fait des études de médecine et devient la première femme médecin en Italie en 1896. Diplômée, elle se spécialise dans le domaine psychiatrique et observe que les enfants de ce milieu ne bénéficient d’aucune stimulation. Elle se tourne ensuite vers la pédagogie et s’inspire des travaux d’Itard et de Séguin. Elle étudie ensuite la psychologie et la philosophie, fait des conférences, forme des enseignantes, compile plusieurs ouvrages. En 1907, on lui confie la garde des enfants d’un quartier populaire de San Lorenzo et c’est là qu’elle crée son propre matériel pédagogique et sa propre méthode qui va s’avérer très efficace. Malgré une pause pendant le temps de guerre, sa pédagogie deviendra populaire et aujourd’hui on compte près de 22 000 écoles Montessori dans le monde.

2. L’enfant

C’est avant tout l’enfant qui est au coeur de la pédagogie Montessori. Ce n’est pas une nouvelle technique d’apprentissage ou bien un nouveau courant. Il n’y a rien de nouveau dans les découvertes de la première femme médecin d’Italie qui n’existait déjà. Elle a juste dit tout haut ce que l’enfant criait tout bas. Ces enfants qu’elle observe de son œil scientifique crient tout bas leur besoin primaire de découvrir, d’apprendre. Un enfant, quel qu’il soit, quel que soit son parcours, son histoire, ses handicaps, ses capacités, ses différences, a des besoins primaires, basiques qui sont universellement les mêmes quel que ce soit l’endroit de la terre qui l’a vu naître. Tout comme les besoins d’être nourri, de dormir, d’affection, l’attirance pour la découverte du monde qui les entoure est primordiale.

3. Les opportunités

Dans les premières années de la vie d’un enfant, il y a des phases sensibles. Ce sont des moments plus ou moins longs durant lesquels l’enfant est attiré par un savoir-faire particulier, une connaissance particulière. C’est ainsi qu’à des âges différents, tel enfant saura reconnaître toutes les couleurs, tel autre saura compter jusqu’à 20, un autre saura marcher de manière assurée mais pas encore faire des phrases complètes, etc. Si les conditions sont réunies pour un apprentissage optimal lors de ces fenêtres d’opportunité, les savoirs et les savoir-faire seront profondément ancrés, acquis avec aisance, liés au plaisir d’apprendre.

4. L’observation

La clé, c’est d’observer l’enfant, pour mettre sur son chemin ce que son être intérieur le somme de découvrir. Observer, ce n’est pas simplement regarder d’un oeil distrait ce qu’un enfant est en train de faire. Observer, ce n’est pas non plus surveiller car cette attitude-là est teintée de subjectivité et d’anticipation du négatif, ce qui empêche donc de voir ce qui est positif. Observer, c’est s’arrêter, prendre du recul et noter ce qui se passe : les choix, les mouvements, les gestes, les regards, le temps, les positions, etc. C’est un exercice qui n’est pas si facile si, par exemple, on est émotionnellement lié à l’enfant qu’on observe.

5. Le saint, le scientifique et le serviteur

Ne vous méprenez pas. Derrière ces mots pompeux se cachent des vérités qui s’inscrivent dans la continuité de la recherche du bon développement de l’enfant et de son bien-être. Le saint, c’est l’adulte qui est paisible, en paix avec lui-même, patient, qui propose à l’enfant des activités avec douceur et affabilité; c’est aussi celui qui a foi en l’enfant. Le scientifique, c’est ce même adulte qui observe l’enfant d’un regard éclairé de ses connaissances scientifiques sur le développement de l’enfant mais aussi de bon sens. Le serviteur, c’est enfin l’adulte qui, doté de ses observations et de sa foi en l’enfant, prépare un environnement adapté qui va répondre aux besoins de l’enfant qu’il a observé.

6. La liberté

On associe souvent à tort la méthode Montessori et l’enfant-roi. Oui, l’enfant est libre de choisir ses activités, oui, l’enfant est libre de se mouvoir, oui, l’enfant peut faire une activité le temps qu’il veut. Mais si l’on considère que l’environnement préparé ne contient que des activités positives pour le bon développement de l’enfant et que l’adulte observe attentivement, guide et a une attitude bienveillante, la liberté tant décriée devient une évidence de bon sens. On omet trop souvent de dire que parmi les activités Montessori présentées par l’adulte il y a des activités de base qui sont : marcher, murmurer, faire le tour d’un tapis où un autre enfant travaille, fermer et ouvrir une porte sans bruit, fermer et ouvrir un tiroir avec douceur, s’installer à un endroit donné avec son activité et la reposer à la place où on l’a prise, etc. C’est une pédagogie empreinte de respect : respect de soi, des autres et de l’environnement.

7. Une philosophie plutôt qu’une méthode

L’approche Montessori est avant tout une philosophie. On peut avoir un diplôme Montessori mais ne pas respecter les principes de base de la méthode comme l’on peut vivre la philosophie Montessori sans avoir jamais été diplômé. Les grands principes de la philosophie Montessori sont les suivants : chaque enfant est unique, chaque enfant est capable, chaque enfant a le droit. Devant chaque enfant unique, l’adulte a une attitude individualisée, propose des activités qui répondent aux besoins de cet enfant à un moment donné et non aux besoins de l’adulte. Devant chaque enfant capable, l’adulte a une attitude de confiance, de foi en l’enfant, qui a des capacités innées d’absorber, d’apprendre, de comprendre. Devant chaque enfant qui a le droit, l’adulte a le devoir de faciliter les apprentissages de la vie en dotant le monde de ce qu’il y a de meilleur pour les enfants. Pas parce que ce sont les rois, mais parce que ce sont les adultes de demain.

8. Prendre soin d’une plante

Un enfant, c’est comme une plante. Si elle est dans la bonne terre, à la bonne température, avec le bon ensoleillement et la bonne quantité d’eau, elle poussera bien, aux maximum de ses capacités. Et chaque plante est différente dans la quantité de ses besoins comme dans la forme qu’il prend à l’état final. Si l’on considère tout cela, on ne peut plus regarder un enfant avec les mêmes yeux. On ira chercher de l’eau pour l’arroser, on ouvrira un volet pour laisser le soleil briller, on ajoutera du terreau pour l’aider à pousser, on la plantera à l’abri du vent pour la protéger. Et c’est ainsi que naît la méthode, après la philosophie. On observe l’enfant, on choisit des activités, on les prépare, on fait de la place, on les installe à la bonne hauteur, on les montre, on les maintient en bon état, on les remplace, on les réintroduit, etc.

9. Les activités Montessori

Les activités Montessori ne se résument pas à deux pichets sur un plateau, un panier avec des boîtes à ouvrir et à fermer ou une boîte avec des tablettes de couleur. C’est aussi sentir les fleurs d’un champ, utiliser un tournevis avec grand-père dans le garage, mettre les courses dans le chariot, courir après les papillons, brosser les poils d’un poney, grimper aux arbres, sauter dans l’eau des flaques, écouter de la musique, couper une banane en rondelles, choisir ses vêtements le matin, enfiler des chaussettes, etc. Pratiquer la méthode Montessori, c’est donner à l’enfant les moyens d’apprendre à faire seul, à découvrir le monde en toute sécurité, à apprendre avec sérénité. C’est une attitude tout simplement. C’est dire: « Voici le monde, il est à toi. Fais de belles découvertes, apprends et prends-en soin. » C’est faire confiance, c’est dire : « Oui, tu peux! Vas-y, fais-le! »

10. Les écoles Montessori

De la lumière, de l’espace, de l’ordre, du matériel organisé, beau, des sections, du silence, des murmures, un accès libre vers l’extérieur, voilà comment s’organise un environnement Montessori. Chaque enfant suit son propre chemin. L’ambiance est productive mais calme et paisible. Les conflits sont rares, les cris absents, sauf à l’extérieur où la joie se manifeste plus bruyamment. A l’intérieur, la joie se lit dans la satisfaction du travail accompli. Ni punition, ni récompense. Le plaisir d’apprendre, tout simplement. Et du mouvement, on marche d’un coin à l’autre, emportant son matériel, déroulant un tapis, allant se servir un verre d’eau ou des fruits pour une petite collation, en faisant une pause, en observant un camarade, en suivant l’adulte qui va présenter une nouvelle activité pour cet enfant-là qui est prêt. J’espère que maintenant vous y voyez plus clair! Laissez vos questions et remarques en commentaire.

Bon Montessori!

Béatrice Nyanguile

Crédit image par zolashelton de Pixabay

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